Le libéralisme

Le libéralisme est de gauche. Le libéralisme est la gauche. Le grand mérite de l'abandon par la gauche du marxisme, qui avait auparavant supplanté toutes les autres formes de socialisme, depuis mai 68 et surtout depuis la chute du mur de Berlin est de nous ramener à cette évidence. Nous voici au lendemain de la Révolution de 89 ! D'un côté les partisans de l'idéologie bourgeoise (car elle accompagne l'accession au pouvoir de cette classe), l'idéologie du Progrès et de l'Individu, – la gauche donc –, de l'autre les tenants de l'Ordre, de la Communauté et de la Tradition, – la droite.

Si la gauche abandonne le peuple et la question sociale pour devenir libérale-libertaire et « sociétale », ce n'est donc pas un accident de l'histoire comme le déplorent naïvement les mélenchoniens mais un véritable retour aux sources ! Le socialisme n'était d'ailleurs à l'origine ni à gauche ni à droite, ou plutôt il pouvait être plus ou moins à droite ou plus ou moins à gauche. Marx ne critique-t-il pas dans Le Manifeste les « socialistes réactionnaires » ? Proudhon ne serait-il pas classé aujourd'hui à droite et conservateur sur les questions dites « de société » ?

Pour le grand public les choses ne sont hélas pas aussi claires et cela tient principalement à l'équivoque du mot libéralisme, presque toujours employé à tort dans sa seule acception économique, et au résultat du mouvement sinistrogyre découvert par Albert Thibaudet : pendant un siècle des partis de gauche de plus en plus radicaux, de plus en plus marxistes, ont poussé vers la droite les anciennes formations de gauche ; la droite authentique disparaissant pour sa part quasiment du champ parlementaire et n'étant maintenue en vie, voire ressuscitée, à l'extérieur de la chambre, que par l'école d'Action française.

Mais l'AF n'est pas réductible à cette seule dimension comme nous l'avons déjà montré ici. Son objet propre, sa fin, est le salut de la France pas le salut de la droite. Son adversaire est toutefois très clairement le libéralisme, qu'il porte un masque de droite ou de gauche.

Stéphane BLANCHONNET

Article paru sur a-rebours.fr et dans L'AF2000


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