Le féminisme

Le féminisme désigne à la fois un courant d'idées et un phénomène beaucoup plus large qui vit les femmes, tout au long du XXème siècle, obtenir progressivement une totale égalité de droit avec les hommes. L'évolution des sociétés occidentales pendant cette période a fait disparaître toute différence dans le statut des hommes et des femmes, au point que certaines mesures sociales, protectrices pour les femmes, ont été elles-mêmes abandonnées (réglementation sur le travail de nuit par exemple).

Contrairement aux idées naïves colportées par la culture dominante, cette évolution sans précédent dans l'histoire humaine est moins le résultat de la mobilisation des suffragettes du début du siècle sur le terrain politique ou de leurs héritières des années 60 sur le terrain de la contraception et du droit familial, que la conséquence de contraintes massives et systémiques : guerres mondiales et mobilisation de presque toute la gent masculine sur les champs de bataille, nécessité économique d'élargir toujours plus le nombre de producteurs et surtout de consommateurs, disparition de l'économie domestique et de la « femme au foyer », qui n'était pourtant pas une dilettante...

Aujourd'hui que ces transformations sont achevées et alors que la situation des femmes en Occident est sans commune mesure avec celle de leurs congénères du reste du monde, où des situations abominables perdurent (mariages forcés, excision, discriminations réelles, violences), le néo-féminisme en France ou dans les pays comparables au nôtre, s'invente des faux combats (contre le terme « Mademoiselle », pour l'écriture inclusive, contre les jouets pour fille), se mue en une sorte d'église néo-puritaine prohibant la séduction, traquant et demandant la censure de tout ce qui pourrait rappeler dans la culture en général la différence des sexes.

Le résultat pratique de ce néo-féminisme est de provoquer une incompréhension croissante des hommes, d'alimenter la « guerre des sexes » et de distiller une vision manichéenne du monde dans laquelle les pires extrémités de certaines cultures barbares et les éléments de différenciation des sexes, comme la galanterie, dans notre propre civilisation, sont mis sur le même plan. La galanterie française si bien défendu par Claude Habib dans un remarquable essai est sans doute l'idée qui peut permettre de sortir du manichéisme ambiant en montrant que la liberté des femmes et une certaine égalité, qui ne serait pas un égalitarisme négateur de la différence, sont possibles et trouvent des appuis dans nos mœurs et notre culture nationale.

Stéphane BLANCHONNET

Article paru sur a-rebours.fr et dans L'AF2000


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